- Filles de la Mer - de Mary Lynn Bracht

Publié le par Nathalie

- Filles de la Mer - de Mary Lynn Bracht

"Filles de la Mer" est le premier roman de l'auteure américaine d'origine sud-coréenne Mary Lynn Bracht. Il a été publié chez Robert Laffont en février 2018.

4ème de couv' : "Il est parfois plus difficile de respirer en dehors de l'eau que dans les profondeurs des vastes océans...
Sur l'île de Jeju, au sud de la Corée, Hana et sa petite soeur Emi appartiennent à la communauté haenyeo, au sein de laquelle ce sont les femmes qui font vivre leur famille en pêchant en apnée.
Un jour, alors qu'Hana est en mer, elle aperçoit un soldat japonais sur la plage qui se dirige vers Emi. Aux deux filles on a maintes fois répété de ne jamais se retrouver seules avec un soldat. Craignant pour sa sœur, Hana rejoint le rivage aussi vite qu'elle le peut et se laisse enlever à sa place. Elle devient alors, comme des milliers d'autres Coréennes, une femme de réconfort en Mandchourie.
Ainsi commence l'histoire de deux sœurs violemment séparées. Alternant entre le récit d'Hana en 1943 et celui d'Emi en 2011, Filles de la mer se lit au rythme des vagues et dévoile un pan sombre et bouleversant de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en Asie. Au fil du récit, par la grâce de leurs liens indéfectibles, les deux héroïnes nous ramènent vers la lumière, ou l'espoir triomphe des horreurs de la guerre.
"

Je n'ai pas grand chose à ajouter à ce pitch qui résume parfaitement le roman, si ce n'est que j'ai découvert, avec stupéfaction, le sort de milliers de coréennes enlevées à leurs proches et utilisées comme "femme de réconfort" (Quel horrible appellation !!!) par les soldats japonais durant les années de conflits opposant les deux nations.

Il aura fallu attendre 1991 que Kim Hak-sun révèle son passé d'esclave sexuelle pour l'armée japonaise pour que ces horreurs sortent enfin au grand jour et que la Corée demande que soit reconnu le sort de ces nombreuses sacrifiées.

Mary Lynn Bracht, qui a passé son enfance et sa jeunesse au sein d’une large communauté de femmes sud-coréennes, a été très influencée par les épreuves qu’ont connues et endurées sa mère et des milliers d’autres femmes qui ont grandi en Corée après la guerre. Elle a voulu rendre hommage, à travers le personnage d'Hana, à ces jeunes femmes kidnappées, violées et enfermées dans des maisons closes pour servir de défouloir aux soldats japonais. Et, en même temps, par la voix d'Emi, aux coréennes qui ne sont pas devenues des prostituées forcées, mais qui ont connu la peur d'avoir à subir ça et la honte d'être des rescapées, contrairement à leurs amies, leurs sœurs...

Terrible par son sujet, "Filles de la Mer" est un beau roman malgré tout car la plume est fluide et la narration captivante. On vit, tour à tour, les vies d'Hana et d'Emi. On ressent les violences faites à Hana, la tristesse et la honte d'Emi, mais sans tomber dans le pathos car l'auteure fait de ses héroïnes des femmes fortes et lumineuses.

Un très bel ouvrage qui met en avant un pan méconnu de l'Histoire et rappelle à quel point les femmes sont des victimes au cœur des conflits armés, quelque soit le continent, le pays, quand les hommes leur imposent leur force et leur violence. Un roman qui permet également de découvrir la communauté des haenyeo, ces femmes plongeuses qui vivent libres et ne dépendent pas de leur père ou de leur mari pour subsister.

Note : 4,5/5

Passage choisi : "Hana et sa mère sont des haenyeo, des femmes de la mer, des femmes qui travaillent pour leur propre compte. Leur communauté, issue d'un petit village côtier du sud de l’île de Jeju, plonge dans une crique invisible depuis la route principale menant à la ville. Le père d'Hana est pêcheur. Il parcourt la mer du Sud avec les autres hommes du village, esquivant les bateaux de l'empire qui pillent les eaux coréennes pour rapatrier leurs prises sur l'archipel japonais. Hana et sa mère ont uniquement affaire aux soldats japonais lorsqu'elles se rendent au marché pour vendre leur pêche du jour. Ce commerce leur procure un sentiment de liberté que peu de gens connaissent sur la côte opposée de l'île ou même sur le continent, à cent kilomètres au nord."

Publié dans ROMANS DU MONDE

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