- Flic de papier - de Guy Rechenmann

"Flic de papier" (Éditions Cairn - 2018) est la première enquête de Anselme Viloc, l'enquêteur imaginé par Guy Rechenmann. Auteur et poète, l'auteur ne croit pas au hasard mais plutôt aux coïncidences. Après un recueil de poèmes et de nouvelles, Guy Rechenmann va se diriger vers le polar et mettre en scène un inspecteur atypique et têtu qui a tout du anti-héros. Ses romans sont publiés au sein de la collection Du Noir au Sud, qui fait la part belle à des histoires se déroulant dans le grand Sud de notre beau pays.

4^ème de couv' : "Un homme disparaît au Cap‐Ferret. La disparition, c’est une blessure jamais refermée et c’est l’histoire d’Anselme Viloc.
Bizarrement dans cette affaire il n’y a pas le moindre embryon de piste. De plus, ici les gens parlent peu aux étrangers, encore moins aux flics ! Par chance il a noué des liens avec Éric le jeune pilote de la navette et David, le patron de l’Escale. Eux, ils connaissent du monde !
Ce roman vous entraîne dans un univers aux énigmes imbriquées, rythmées par les humeurs d’un bassin d’Arcachon imprévisible et la réapparition d’un amour perdu...."

Il était une habitude que j'avais prise en allant régulièrement en Bretagne, lire les enquêtes de Marie Lester, fliquette bretonne et sacrément futée, née sous la plume de Jean Failler (voir là). Je crois que dorénavant, je vais également me mettre sur la piste de l'inspecteur Viloc lors de mes séjour en Gironde, où s'est installée une partie de ma famille. Un transat, le soleil (avec protection et modération) et un bon livre, quoi de mieux pour passer d'agréables vacances...

Anselme Viloc est une figure d'enquêteur improbable. Physiquement : il ne paye pas de mine. Sur le terrain : il est perdu, plus habitué à rédiger des rapports, d'où son surnom moqueur de "flic de papier". Dans sa vie : il est perdu également, faisant difficilement face aux tragiques conséquences qu'une enquête a eu sur sa carrière et sur ses proches. Installé récemment en bordure du bassin d'Arcachon, il va devoir résoudre une disparition qu'il semble le seul à prendre véritablement au sérieux. Heureusement, si son intuition tarde à lui murmurer à l'oreille, Anselme a pour lui la patience et l’opiniâtreté.

Deux choses m'ont plu dans ce polar : d'une part, la figure d'Anselme Viloc, policier qui semble être un loser. Cela change des policiers sûrs d'eux, dotés d'une présence physique et d'un sens inné pour démêler les embrouilles, même les plus tordues. D'autre part, j'ai apprécié le style assez littéraire et poétique de l'auteur qui tranche avec l'univers dans lequel son quasi-héros évolue. Un monde plus terre à terre, brut, terrien mais aquatique, présence de l'océan oblige.

Une belle découverte ! Merci à Pascal de m'avoir fait connaître l'inspecteur Viloc...

Note : 4/5

Passage choisi : "Et voilà la deuxième couche, décidément, dès que je vais chez la pin-up, m'arrivent en pleine poire les interrogations qui me renvoient à mes années paisibles, à l'époque où je me débrouillais pour aller chercher Noémie à la sortie de l'école les soirs où sa mère infirmière était de garde. Ces pensées m'ont longtemps été intolérables, mais maintenant je les supporte, je peux relire les lettres de Sylvia, regarder à nouveau les dessins de Noémie, la gomme du temps atténue les déliés, mais les pleins ont la peau dure."