- La Faussaire - de Patricia Delahaie

"La Faussaire" (Belfond-2022) est le premier roman de Patricia Delahaie. Diplômée en cinéma et sciences humaines, l'auteure a été journaliste spécialisée dans les relations conjugales et familiales, et chroniqueuse dans l'émission "Les Maternelles" (France 5). Avant de s'essayer au roman, elle a publié une vingtaine d'ouvrages de non-fiction.

4^ème de couv' : "Elle était sa vie, son amour, sa Marilyn. Il a exaucé tous ses vœux. Même le pire. Avec ce premier roman enlevé et tragique inspiré d'une histoire vraie, Patricia Delahaie explore la " banlieue " du crime, ces zones d'ombre et de lumière qui conduisent un homme plutôt meilleur que les autres à revêtir, petit à petit, un costume d'assassin taillé à sa mesure.

La cinquantaine, père et mari aimant, Paul Ménard est un médecin dévoué, rassurant, autour de qui gravitent les habitants d'une bourgade beauceronne.
Jusqu'à ce jour de printemps 1997 où son regard croise celui d'une femme éblouissante. Camille. Peu après, la belle se rend au cabinet médical. Les visites se répètent, Paul succombe. Dîner aux chandelles, timbales de saumon. Camille sait vivre, Camille sait aimer. Mais Camille est mariée. Un militaire toujours en mission. Un homme dur, indifférent, souvent violent. Paul veut la sauver. Il n'en dort plus, divorce, délaisse ses patients, enrage de sa lâcheté.
13 juillet 1998. La France est championne du monde. Et le docteur Paul Ménard prend une décision irréversible..."

Inspiré d'un fait-divers réel et horrible, cette histoire est rondement écrite. Grâce à l'auteure, on entre dans la tête des deux personnages principaux, Paul et Camille, et on assiste à l'irrémédiable. On voit les pièces de la machine se mettre en place, inexorablement, et on assiste impuissant au broyage en règle d'une vie, de deux vies, de trois vies. On a envie d'alerter Paul, de le secouer, de lui crier : "Mais tu ne vois pas où tout cela va te mener !", mais on ne peut que tourner les pages et continuer à lire le récit d'un gâchis annoncé. Et c'est cela qui est fantastique. On connait le dénouement très vite mais il y a pourtant un vrai suspense dans le récit qui a su maintenir la lectrice que je suis en alerte, chapitre après chapitre.

De plus, l'auteure ne se contente pas de raconter l'histoire jusqu'au procès, elle continue le récit sur une vingtaine d'années ce qui permet de suivre les personnages auxquels on s'est attaché, et finalement, de mieux les comprendre. Camille est machiavélique, mais en est-elle véritablement consciente ? Paul est amoureux donc influençable. Céleste est comme une petite chose gênante au milieu de ces adultes à la folie contagieuse.

Bref, j'ai vraiment adhéré avec ce récit digne des meilleures "Histoires vraies" de Monsieur Pierre Bellemare, qui me faisaient frémir quand j'étais adolescente...

Note : 4,5/5

Passage choisi : "Il est 21h30 quand il termine ses consultations. Il ne parvient pas à oublier l'incident. Comment Lucie a-t-elle pu se tromper ? Il quitte brusquement la fenêtre ouverte devant laquelle il fume cigarette sur cigarette. D'une pichenette, il jette son mégot dehors et retourne s'asseoir à son bureau. Il allume l'ordinateur qu'il utilise si peu. Il clique sur le moteur de recherche. Avec deux doigts, il tape "calendrier 1958". Apparaissent lentement des juxtapositions de colonnes. Il pointe sur le mois de mars, cherche le 7 et...

- Non !"