"Le réveil du coeur" de François d'Epenoux

Publié le par Nathalie

"Le réveil du coeur" de François d'Epenoux

Dimanche 24 juin 2018, vers 11h30, je débarque au salon Saint-Maur en Poche (10ème édition), bien décidée à acheter et faire dédicacer des livres. Je repère un auteur que j'ai découvert (et apprécié) l'an dernier lors de ce même salon. Je me mets donc dans la file pour attendre mon tour. Je me trouve ainsi devant un stand encore vide, celui de François d'Epenoux. Ce dernier arrive alors avec un sac de mini-viennoiseries qu'il propose de partager avec son voisin, échange quelques paroles avec lui et s'installe. L'affiche accrochée par les organisateurs masque nos têtes respectives. Je vois de lui ses mains. Il voit de moi un abdomen recouvert d'un t-shirt. Je plie les genoux pour être dans son champ de vision et plaisante sur ce panneau de présentation vraiment mal placé. J'en profite pour lui demander de me conseiller un de ses ouvrages. Il me tend "Le réveil du cœur" (paru en 2014 aux Editions Anne Carrière) après avoir un peu hésité et me demande pour qui est la dédicace. Je lui réponds : "C'est pour Babouilla." Il me demande des explications et je lui raconte l’étymologie de ce surnom enfantin que j'ai choisi d'utiliser dans ce blog. Cela le fait bien rire, et moi aussi. La matinée a démarré dans la bonne humeur et sous le soleil. Un vrai bonheur !!!

4ème de couv' :"Depuis la naissance de son petit-fils, Malo, le Vieux n'est pas franchement en odeur de sainteté dans la famille. Nanti d'un caractère de cochon et d'une allergie totale à la modernité, bloqué à jamais dans les Trente Glorieuses, il désapprouve à peu près tout ce qui constitue la vie de Jean, son fils, y compris le choix de sa compagne, avec laquelle le Vieux est incapable d'échanger trois mots. Jusqu'à ce mois d'août où, en désespoir de cause, on lui confie la garde de Malo. Entre le petit garçon de 6 ans et le vieillard irascible, le réveil du cœur a sonné."

Le livre est composé de trois parties. Dans la première, la parole est au fils, Jean. Puis c'est le Vieux qui s'exprime. Enfin, ce sont les trois générations qui parlent pour clore cette émouvante histoire de famille.

Les relations entre Jean, son père et Leïla, la belle-fille, se sont pas au beau fixe car le premier manque de consistance, le second préfère la vie d'avant, exprime haut et fort ses opinions, et la troisième a beaucoup de caractère. Aussi, lorsque Jean demande à son père, comme service, de lui garder pendant tout un mois son fils de six ans, Malo, que le Vieux ne voit qu'en pointillés, l'affaire semble délicate. Et pourtant, qui mieux qu'un petit bonhomme zozotant pour attendrir un vieil ours...

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire car le personnage de Jean (tout du moins celui du début du livre) n'a pas su m'accrocher. Trop lisse, trop consensuel. Et puis, la mayonnaise a pris, d'un coup, aux retrouvailles aoûtiennes du petit garçon et de son grand-père d'un autre temps. Cette énergie que le Vieux déploie pour accueillir Malo, les émotions, les réactions de l'un comme de l'autre rendent émouvante cette histoire pleine d'humour, de tendresse et de nostalgie.

En lisant ce roman, un petite voix me disait que cela me rappelait quelque chose. J'ai donc consulté "Les lectures de Babouilla" pour me rendre compte que je connaissais déjà François d'Epenoux pour avoir lu "Les papas du dimanche" (ici), il y a quelques années. Avec "Le réveil du cœur", j'ai retrouvé le style à la fois grave et léger de l'auteur, ses traits d'humour et sa plume maîtrisée. Les dialogues, entre autre, sont savoureux à souhait.

Note : 3,75/5

Passage choisi : "C'est bon, c'est simple, ça croustille, ça rafraîchit, ça vient de l'enfance et des tablettes Poulain. Et ça me conforte dans cette certitude : qui n'a jamais enfoncé une barre de chocolat dans un tronçon de baguette fraîche ne sait pas ce qu'est la volupté. Il faut d'abord sentir la mie résister sous la poussée, se tasser, former une boule élastique pour finalement laisser sa place et émerger comme à regret à l'autre bout du tunnel de pain. Il faut détacher cette mie compacte et l'avaler toute crue, prélude au festin ; il faut mordre dans le quignon, sentir la croûte craquer, puis, sous la dent, tester la dureté du chocolat... jusqu'à le faire céder, le casser net à la jointure de deux carrés, en un petit claquement mat et satisfaisant. Il faut enfin broyer le tout d'une molaire carnassière pour éprouver dans sa bouche la fabuleuse fusion de la mie redevenue humide, de la croûte qui finit de croustiller et du chocolat qui fond sous le palais en libérant tous ses arômes. Alors seulement, après toutes ces étapes, on peut accéder au plaisir de ce qui constitue une parenthèse de roi, et recommencer à mordre, non sans contempler avant chaque bouchée l'objet de sa convoitise ; puis, une fois la dernière bouchée avalée, prendre toute la mesure d'un ultime délice : celui des mains vides, de la frustration, de la fin qui suggère la promesse du prochain régal - demain, si tout va bien, si Dieu nous prête vie, s'il continue à nous donner du blé, de l'eau, du levain, des fèves de cacao et du génie à foison, graine déposée entre nos mains."

Publié dans François d'Epenoux

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article