"Toutes blessent, la dernière tue" de Karine Giebel

Publié le par Nathalie

"Toutes blessent, la dernière tue" de Karine Giebel

J'ai fait découvrir Karine Giebel, auteure française de thrillers sombres et prenants, à une amie, Flo, il y a déjà quelques temps. Sachant qu'elle est devenue autant accro que moi, je lui ai offert son dernier roman, "Toutes blessent, le dernière tue" (Vulnerant omnes ultima necat, en latin dans le texte), publié chez Belfond en mars 2018, pour son anniversaire.

Nous avons profité du passage de l'auteure au Salon du Livre de Poche de Saint-Maur, pour aller la remercier de ces moments de lecture intenses, et pour que ma cop's puisse faire dédicacer son ouvrage. Cerise sur le gâteau !

Bien entendu, le mystérieux effet boomerang a encore frappé et Flo, dès sa lecture terminée, m'a aussitôt prêté le livre (736 pages) afin que nous puissions rapidement comparer nos impressions. :-)

4ème de couv' : "Maman disait de moi que j'étais un ange. Un ange tombé du ciel. Ce que maman a oublié de dire, c'est que les anges qui tombent ne se relèvent jamais. Je connais l’enfer dans ses moindres recoins. Je pourrais le dessiner les yeux fermés. Je pourrais en parler pendant des heures. Si seulement j’avais quelqu’un à qui parler…

Tama est une esclave. Elle n’a quasiment connu que la servitude. Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer. Une rencontre va peut-être changer son destin…

Frapper, toujours plus fort. Les détruire, les uns après les autres. Les tuer tous, jusqu’au dernier.

Gabriel est un homme qui vit à l’écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures. Un homme dangereux. Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. Une jeune femme blessée et amnésique. Qui est-elle ? D’où vient-elle ?

Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi, vite ! Parce que bientôt, tu seras morte.
"

Comme d'habitude, le récit de Karine Giebel entremêle plusieurs voix au gré des chapitres. D'abord celle de Tama, petite esclave des temps modernes qui a été achetée à son père au Maroc pour une poignée d'euros et qui dort dans une buanderie, mange les restes en échange de son dévouement total pour une famille friquée de la banlieue parisienne. Les humiliations, les coups, les brimades sont son quotidien. Pourtant, elle est lumineuse et conserve toujours le secret espoir qu'un lendemain meilleur l'attend quelque part. Ensuite, celle de Gabriel, homme solitaire, rongé par la haine et la colère après avoir vécu un drame familial. Et puis, d'autres voix prennent part aux chapitres, au fur et à mesure de l'apparition de certains personnages secondaires.

Comme d'habitude, Karine Giebel construit des héros sombres et torturés qui ont, pourtant, le plus souvent, une étincelle d'humanité, de compassion et d'amour. De cette étincelle qui ne demande qu'à s'allumer...

Comme d'habitude, ils vont se rencontrer à un moment donné de l'intrigue.

Comme d'habitude, Karine Giebel décrit mieux que personne les sentiments de ses personnages, leurs paradoxes, cette violence qui couve en eux et qui ne demande qu'à s'échapper pour répandre le mal et la douleur. Et pourtant, cette violence n'est pas gratuite. Elle est le fruit d'un passé lourd et tortueux, au point qu'on arrive à ressentir de la pitié pour certains d'entre eux. Mais pas pour tous ! Non, car il y en a qui sont le mal incarné, comme l'esclavagiste M. Charandon ou Mejda, la pourvoyeuse d'esclaves.

Avec ce roman, comme avec les précédents, Karine Giebel (pour parodier un slogan de ma jeunesse), c'est "Le poids des phrases, le choc des images". Car sa plume sait admirablement bien créer dans notre esprit des images fortes. Et là, mieux vaut avoir le cœur bien accroché avec tout ce que Tama va subir des différents bourreaux qui vont croiser sa jeune existence. Âmes sensibles, passez votre chemin surtout !

J'ai lu "Toutes blessent, le dernière tue" sur 26 heures car une fois commencé, il a été très difficile pour moi de poser ce livre dur mais envoûtant. Le thème de l'esclavage moderne est très bien traité. On a du mal à imaginer que le sort de Tama puisse être une réalité et puis, parfois, on tombe sur un fait divers dans un journal et on se rend compte que cela existe vraiment. Parfois plus près de nous qu'on ne peut (veut) le penser, car, après tout, qui sait exactement ce qui se passe derrière les murs de nos voisins, une fois la porte d'entrée refermée à double tour ?

Note : 4,75/5

Passage choisi : "Peu de temps après son arrivée dans cette maison maudite, Tama a compris que Charandon était un homme violent. Derrière une belle façade de respectabilité se cache un monstre aux pulsions incontrôlables. Tama ne peut oublier le jour où il a massacré un chat à coups de pelle, simplement parce que la pauvre bête avait mordu Adina qui tentait de l’attraper. Charandon s’était acharné sur l’animal, et ce qu’elle avait vu dans ses yeux à ce moment-là, elle le revoyait chaque fois qu’il s’en prenait à elle. Une étincelle glacée de jouissance malsaine."

Publié dans Karine Giébel

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