"Le parfum" de Patrick Süskind
Ouvrage lu il y a très, très longtemps... Dernièrement, une copine, qui me prête régulièrement des livres pour alimenter mon blog, m'a apporté deux romans afin que je puisse les transformer en "livres-voyageurs" en les libérant dans la nature. Quand j'ai vu que l'un des deux était "Le Parfum" de Süskind, je n'ai pu m'empêcher de lui dire que celui-là, je pouvais le conseiller, le prêter mais qu'il m'était impossible de le déposer sur un banc ou un quai de RER. Comme à l'époque où je l'ai lu, c'était un prêt, j'ai demandé à Anne-C si je pouvais garder son exemplaire afin qu'il ait une place bien au chaud dans ma bibliothèque (après le "livre-voyageur", voici le "livre-à-adopter"). J'ai pu en relire de nombreux passages et, ainsi, replonger dans des sensations et des émotions pleines de nostalgie...
France. XVIIIe siècle. Jean-Baptiste Grenouille naît dans l'horreur et la misère. Signe distinctif, il n'a pas d'odeur, ce qui dérange les personnes qu'il croise et ce, jusqu'à se faire maltraiter ou abandonner. Après une enfance difficile et précaire, Grenouille, qui possède un don, celui de sentir la moindre effluve et d'être capable de l'analyser et de la reproduire, va se retrouver à travailler pour un tanneur, puis un parfumeur. Voici une carrière toute trouvée pour Grenouille, mais le monstre sans émotion qui sommeille en lui n'a de cesse de retrouver le parfum enivrant d'une jeune rousse aux yeux verts croisée dans une rue de Paris. Le sous-titre, "Histoire d'un meurtrier", laisse entrevoir une suite mouvementée proche d'un thriller.
Voici un ouvrage qui fait la part belle aux odeurs et à la personnalité de ce personnage hors du commun. On ne se contente pas de lire ce roman, on le respire à plein nez tellement les descriptions de Süskind sont fortes et puissantes.
Jean-Baptiste Grenouille est un être atypique. Sa particularité physique, son don, son absence d'âme en font un héros noir et
tourmenté qui fait frémir. On se promène avec lui, de Paris à Grace, et on le trouve abominable mais on ne peut s'empêcher de vouloir le suivre jusqu'aux bout de ses méfaits.
J'ai trouvé ce roman d'une force incroyable et d'une beauté fabuleuse malgré son côté sombre. Grenouille avait un nez, Süskind a assurément une plume et il sait divinement bien s'en servir.
Note : 5/5
Passage choisi : "Or c'est là, à l'endroit le plus puant de
tout le royaume, que vit le jour, le 17 juillet 1738, Jean-Baptiste Grenouille. C'était l'une des journées les plus chaudes de l'année. La chaleur pesait comme du plomb sur le cimetière,
projetant dans les ruelles avoisinantes son haleine pestilentielle, où se mêlait l'odeur des melons pourris et de la corne brûlée. La mère de Grenouille, quand les douleurs lui vinrent, était
debout derrière son étal de poissons dans la rue aux Fers et écaillait des gardons qu'elle venait de vider. Les poisson, prétendument pêchés le matin même dans la Seine, puaient déjà tellement
que leur odeur couvrait l'odeur de cadavre. Mais la mère de Grenouille ne sentait pas plus les poissons que les cadavres, car son nez était extrêmement endurci contre les odeurs, et du reste elle
avait mal dans tout le milieu du corps, et la douleur tuait toute sensibilité aux sensations extérieures. Elle n'avait qu'une envie, c'était que cette douleur cessât, elle voulait s'acquitter le
plus vite possible de ce répugnant enfantement."