"Je ne le répéterai pas" de Gino Levesque
Livre soumis à ma lecture attentive par mon meilleur ami, David, lors d'un week-end estival en Haute-Normandie. Pour la petite histoire, il est parti l'an dernier au Canada, et lors d'un passage à Baie-Saint-Paul, ville d'art, il a été interpellé par un homme qui tenait un stand, installé sur un tottoir, et qui essayait de vendre ses livres à grand coup d'auto-publicité. Envouté par le discours de Gino Levesque qui qualifiait son ouvrage "d'expérience incroyable et unique au monde", cet ami est reparti avec "Je ne le répéterai pas", livre de poche de 101 pages publié chez Zus.
Cet ouvrage, présenté par l'auteur comme "une création d'exception", "un exploit inégalé", "un écrit qui se distingue et que l'on peut qualifier de prouesse littéraire" est un petit roman qui a la particularité de ne présenter aucune répétition. Tous les noms, les verbes, les adverbes et les adjectifs n'apparaissent qu'une seule et unique fois.
Ce livre est inspiré de l'OuLiPo (Ouvroir de littérature Potentielle) créé en 1960 par le mathématicien François Le Lionnais, avec comme co-fondateur, le poète Raymond Queneau, groupe qui conçoit la création artistique autour de contraintes. Ici, la contrainte est de taille et a obligé Gino Levesque à puiser dans les ressources immenses de notre belle langue française pour éviter le double emploi de termes couramment utilisés. Par exemple, les verbes "être" et " avoir", qui foisonnent dans la plupart des livres, ne sont employés qu'à une unique occasion chacun et la cigarette devient la clope ou un "cylindre four crématoire à tabac" au détour d'une phrase.
Cette contrainte d'écriture donne un texte alambiqué, laborieux, composé de phrases longues aux termes parfois difficiles
à saisir. Tout comme je le disais d'une autre oeuvre "oulipienne" lue il y a quelques mois, "La disparition" de Georges Perec, je dois reconnaître qu'il s'agit vraiment d'un OVNI
littéraire et je tire mon chapeau à celui qui a osé se lancer dans cette aventure a priori loin d'être évidente. Cependant, je n'ai pas accroché !!! Certes, le style d'écriture y est un peu pour
quelque chose, mais c'est surtout la trame de fond du récit qui m'a déroutée et dérangée. Les personnages se confondent, il en ressort une histoire folle alliant sexe, violence et manipulations.
Voici un roman étrange, baroque et non dénué d'une certaine poésie mais qui a juste su parler à la partie de moi amoureuse de sa langue natale et pas à mon imaginaire...
Note : 2/5
Passage choisi : "A proximité de la station, le train décéléra et l'arrêt qu'il effectua au terminus, déséquilibra le distrait penseur. Les portières coulissantes des wagons de la rame de métro se descellèrent et l'une d'elle emporta l'image du songeur, une réflexion que renvoyait le vitrage en plexiglas du hublot. Brusqué par le peloton de passagers, Nig se dépêcha de débarquer sur le quai de la halte et ne se retourna pas, car il craignait de revoir le reflet de son portrait disparaître dans l'obscurité de cette caverne souterraine qui dévorait les rails."