"Bifteck" de Martin Provost

Publié le par Nathalie

Voici le deuxième des trois livres que j'ai achetés sur les conseil du "Biba" d'avril. Encore un conseil avisé. Il n'y a pas que pour les conseils beauté que ce magazine est sympa à lire... ;-)

 

Martin Provost est un réalisateur et un écrivain. Vous le connaissez sûrement, sans le savoir, à travers un film, avec Yolande Moreau, qu'il a réalisé en 2008, "Séraphine". Ce long métrage a connu un beau succès et a obtenu pas moins de 7 Césars lors de la cérémonie de 2009.


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André Plomeur, le personnage principal, travaille dans la boucherie familiale à Quimper. On est en pleine première guerre mondiale, les hommes, les maris, ont déserté la ville bretonne pour aller servir leur pays.

Peu à peu, une rumeur va se répandre, comme une traînée de poudre, André ne sait pas seulement préparer avec délice les faux-filets, les rognons et les côtelettes, il excelle, malgré son jeune âge, dans l'art de conduire les femmes jusqu'au septième ciel. Très rapidement la boucherie ne désemplit plus, ce qui arrange les affaires de ses parents. Les quimpéroises, qui viennent allonger la file d'attente, espèrent toutes être l'élue choisie par André pour le rejoindre, derrière la cathédrale, pendant sa pause.

Un matin, un nourrisson, fruit de ces amours furtives, est déposé devant chez les Plomeur. Il sera suivi par plusieurs autres, et André va se retrouver très vite à la tête d'une famille nombreuse de sept enfants. Il se découvre alors une véritable fibre paternelle et consacre ses journées à ses rejetons. Un événement va, cependant, bousculer cette nouvelle vie : une ancienne maîtresse le somme de quitter au plus vite Quimper car son époux revenu du front veut la mort du boucher. Ni une, ni deux, André achète un bateau et embarque avec sa marmaille dans l'espoir d'aller refaire sa vie en Amérique. Un voyage mouvementé plus tard, ils vont tous échouer sur une île inconnue et bien étrange...

 

J'ai du mal à trouver les mots pour vous parler de cette lecture car c'est un texte très mystérieux, à la fois poétique et philosophique. Une sorte de fable sur la paternité, la vie, la mort, l'amour... et les spécialités bouchères !!!

J'ai trouvé ce roman très singulier mais, en même temps, très agréable. Les aventures d'André sont complètement délirantes du début jusqu'à la fin. Rien n'est véritablement plausible et pourtant on se surprend à souhaiter que tout cela soit vrai.

Les métaphores, les comparaisons et l'utilisation de la symbolique (de vie, de plaisir, d'amour...) sont également très présentes tout au long du récit. Il y a un vrai style chez Martin Provost et surtout un humour certain qui explose en début d'ouvrage pour se faire plus sage en fin de roman.

 

Un Bifteck à déguster saignant, à point ou bleu, selon votre envie, mais à savourer...

 

Note : 4/5

 

Passage choisi : "Pour s'endormir, André eut tous les soirs un os à moelle à ronger dans son lit. Son premier mot ne fut évidemment pas de ceux auxquels on s'attend d'habitude, ces chers "papa", "maman" lâchés comme la preuve absolue d'une prédisposition du coeur à nommer l'un et l'autre, pas du tout. Après les gargouillis et les onomatopées d'usage, le jour où Fernande décida de sevrer à jamais son loupiot en sanglant fermement ses tétons, ce dernier lâcha ce seul mot, qui resta pour toujours gravé dans les annales : - Bifteck !"

Publié dans ROMANS

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Commenter cet article
C
<br /> je me suis laissé porter au fil des aventures du héro (une famille nombreuses sans mère) je me suis surpris à me demander pourquoi ai-je aimé ce livre et puis après réflexion voici la raison :<br /> <br /> <br /> on se promène dans ce livre comme dans une fable métaphysique qui semble être sans prétention mais qui tient sacrément bien la route au niveau réflexions sur la vie et tout ce qui l'accompagne<br />
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N
<br /> <br /> Comme toi, je me suis laissée embarquer dans cette histoire et j'ai beaucoup apprécié l'aspect philosophique du récit. Il a l'air léger, mais ne l'est pas tant que ça...<br /> <br /> <br /> <br />