- Einstein, le sexe et moi - d'Olivier Liron
J'ai découvert "Einstein, le sexe et moi" et son auteur, Olivier Liron, grâce à une séance de dédicaces dans ma librairie fétiche "L’Éclectique" hier après-midi. Il s'agit du deuxième ouvrage publié par Olivier Liron (après "Danse d'atomes d'or"). Belle rencontre avec un auteur souriant, plein d'humour et qui prend le temps de discuter avec ses (futurs) lecteurs. Aussitôt acheté ce roman de 194 pages, publié chez Alma éditeur pour la rentrée littéraire 2018, je me suis installée sur un transat confortable pour le dévorer. Je n'en ai fait qu'une bouchée...
4ème de couv' : "Je suis autiste Asperger. Ce n'est pas une maladie, je vous rassure. C'est une différence. Je vais vous raconter une histoire. Cette histoire est la mienne. J'ai joué au jeu télévisé Questions pour un champion et cela a été très important pour moi. "
Nous voici donc en 2012 sur le plateau de France 3 avec notre candidat préféré. Olivier Liron lui-même est fort occupé à gagner ; tout autant à nous expliquer ce qui lui est arrivé. En réunissant ici les ingrédients de la confession et ceux du thriller, il manifeste une nouvelle fois avec l'humour qui est sa marque de fabrique, sa très subtile connaissance des émotions humaines."
A coup de phrases courtes qui s'enchainent dans un rythme endiablé, Olivier Liron nous fait revivre sa participation à "Questions pour un super champion", en 2012, après avoir remporté trois fois l'émission quotidienne animée par Julien Lepers, "Questions pour un champion". Alors âgé de 25 ans, il est le plus jeune candidat sur le plateau mais pas le moins brillant.
Entre les scènes télévisuelles et de nombreux flashbacks, l'auteur livre sa différence, son combat contre la dictature de la norme, la méchanceté des autres enfants, l'indifférence de certains adultes (quand ce n'est pas leur dédain), ses relations avec les femmes... Et il fait cela avec humour et émotion. La plume est percutante mais tendre, sévère mais réaliste, drôle mais acide. Un équilibre réussi qui, une fois qu'on a commencé le livre, fait qu'on ne le lâche plus. Il y a de l'action, du suspense, du rythme (comme une émission anciennement animée par Julien Lepers !). Le propos ne verse pas dans l'apitoiement, ni le pathos, au contraire. Bref, tous les ingrédients pour passer un agréable moment de lecture et faire la connaissance d'un auteur attachant.
Note : 4,25/5
Passage choisi : "C'est marrant, je parle du corps, mais j'ai l'impression que les mots ont encore plus de pouvoir que les coups, que les mots sont les coups qui ne partent jamais, les plus indélébiles, les plus violents pour le corps, justement. Je pense que le mot que j'ai entendu le plus jusqu'à mes quatorze ans est "gogol". J'ai dû entendre dix mille fois les gens m'appeler gogol. A l'école, et surtout au collège, les enfants différents souffrent le martyre. C'est déjà le pouvoir hideux et haineux de la norme. Aujourd'hui encore, quand j'entends à la radio les "normaux", ceux qui ont le pouvoir de la norme, de dicter la norme, de faire la norme, les politiciens et les financiers, les humoristes pas drôles, les haineux de tous bords, j'ai envie de les déchiqueter avec les dents. Pour leur montrer de quel bois ont se chauffe, nous les gogols. Je ne raconte pas ça pour me faire plaindre, mais pour témoigner de l'abandon absolu de tous les enfants différents par l’Éducation nationale."