"Longues peines" de Jean Teulé

Publié le par Nathalie

"Longues peines" de Jean Teulé

"Longues peines" est un des nombreux romans de l'écrivain français Jean Teulé. De ce dernier, j'avais déjà eu l'occasion de découvrir "L’œil de Pâques" il y a déjà quelques années (voir ici) et "Fleur de Tonnerre", pour lequel je me rends compte que je n'ai pas commis d'article.

4ème de couv' : " Enfermé entre quatre murs, qu’on soit prisonnier ou maton, la vie est presque la même. Pour tenir, il faut pouvoir s’évader, s’échapper de cet ennui poisseux. Certains abusent des humiliations, d’autres perdent pied, d’autres encore s’inventent des histoires d’amour. Dans cette maison d’arrêt, un petit monde se crée avec ses règles et ses rituels, en attendant le jour de la libération ou de la retraite. Des histoires de dingues, des histoires tendres, des histoires vraies."

La note de Françoise Xenakis (France 2) au dos du livre stipule "Tragi-comique, énorme." C'est tout à fait cela. On pénètre dans le monde anxiogène de l'univers carcéral avec ses peurs quotidiennes, son mal être et ses codes particuliers mais on ne peut s'empêcher de sourire. Il faut dire que, encore une fois, Jean Teulé crée des personnages ayant les deux pieds dans la réalité (et quelle réalité !) mais ayant la tête en orbite sacrément haut dans la stratosphère.

Pas forcément emballée à l'idée de lire un livre se déroulant dans un centre pénitentiaire (il y a plus gai comme lecture !), j'ai pourtant accroché rapidement à la ronde rapide des divers personnages. Aussi bien directeur de prison, matons ou prisonniers, ceux-ci nous livrent une réalité marquante. On se rend compte au fil des pages qu'il doit être terriblement difficile de travailler dans le monde carcéral, et qu'il vaut mieux être droit dans ses bottes et avec les idées claires si on veut pouvoir résister à l'usure des années. De l'autre côté du miroir, les prisonniers et prisonnières, même s'ils payent une dette à la société pour un crime, doivent également composer avec la solitude, la peur, les arrangements entre détenus, les conditions de vie en collectivité...

Jean Teulé a su, à mon sens, nous faire pénétrer dans cet univers sans en cacher la dureté, sans en dissimuler les failles, mais en y mettant de la tendresse et de l'humour. C'est réaliste, cru parfois, dur par moment, mais cela reste du Teulé donc c'est également poétique et profondément humain.

Mention particulière au couple formé par le directeur de la prison et sa femme, Mathilde, qui sont particulièrement perchés, du côté des professionnels, et à Nadège Desîles et son barreau, du côté des captifs !!!

Note : 4/5

Passage choisi : " La direction générale supervise onze prisons : Bordeaux, Pau, Bayonne, Niort, Neuvic ..., donc il y a un psychologue pour tous les surveillants de ces onze prisons et qui est basé à Bordeaux. Alors, si vous n'allez pas bien et l'interpellez, il faut vous y prendre longtemps à l'avance parce que le psy est débordé. Il faut prendre un rendez-vous au mois de janvier pour avril. D'ici là, soit on est guéri, soit on est mort de chagrin."

Publié dans Jean Teulé

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