"La mémoire des embruns" de Karen Viggers
Une femme au crépuscule de sa vie, un homme incapable de savourer pleinement la sienne, une bouleversante histoire d'amour, de perte et de non-dits sur fond de nature sauvage et mystérieuse. Un roman envoûtant, promesse d'évasion et d'émotion."
Karen Viggers nous transporte sur une île balayée par les vents, où la vie quotidienne est rude, soumise aux éléments. Mary, vieille femme malade veut y mourir tranquillement, après avoir revu les endroits chers à son coeur, sorte de pèlerinage de fin de vie. Sa famille n'est pas forcément de cet avis, sauf son plus jeune fils, mais Mary a du caractère et sait comment obtenir gain de cause. C'est d'ailleurs Leon, le garde forestier chargé de la surveiller quotidiennement qui va vite en faire les frais. Il ne pourra, malgré son gabarit, résister au charme de Mary et à sa force de persuasion.
Les descriptions sont magiques et font voyager sur ce bout de terre venteux. Les personnages sont très bien vus, bien construits et on s'attache très vite à la mère et à son fils dont la relation est faite de compréhension et d'amour. L'histoire est agréable à suivre même si j'ai eu le sentiment de quelques longueurs dans le récit de la vie de Mary.
Je mets moins de 4/5 à ce livre car, dès le prologue, j'ai deviné quel était le contenu de la lettre qu'un homme a déposée à la vieille femme au début du roman et qui la perturbe tant, tout du long. Dès le début on s'attend donc, en partie, à l'histoire qui va suivre et, pourtant, sachant cela, on prend quand même plaisir à la suivre tellement l'écriture est captivante, pleine d'émotions et de sensibilité.
Une belle découverte... Ne me reste plus qu'à lire son deuxième roman, "La Maison des hautes falaises" qui est quelque part, enfoui dans ma PAL...
Note : 3,75/5
Passage choisi : " « Un homme pouvait être un albatros ou aigle, avait-il dit alors qu'elle reprenait son pétrissage. Si on était un albatros, on planait en frôlant les vagues là où le vent était le moins fort, mais tout de même assez puissant pour vous porter. On évitait de se poser trop souvent de crainte de ne pouvoir redécoller et, de toute façon il fallait redoubler d’énergie après une halte. Si on était un aigle pêcheur, cependant, on voltigeait en altitude d’où on voyait tout en contrebas et d’où on pouvait plonger sur tout ce qui attirait notre convoitise. On se perchait sur les rochers ou sur les branches parce qu’on était fort et que l’on pouvait se propulser facilement dans les airs. Sauf qu’un aigle pêcheur était voyant et arrogant et que les autres oiseaux ne l’aimaient pas – ils fondaient sur lui des quatre coins du ciel pour le chasser de leur territoire. C’était, avait-il ajouté, le prix à payer pour sa magnificence. Il avait levé les yeux et elle avait suspendu son geste, les mains dans la farine.
- Je suis un albatros maman. Je plane dans le vent mais je ne suis pas en danger. »