"L'artiste des dames" de Eduardo Mendoza

Publié le par Nathalie

Livre conseillé par le magazine féminin "Biba" paru en avril. Plusieurs livres recommandés ce mois-ci avaient l'air sympa donc je me suis ruée à l'Eclectique où j'ai passé ma commande sans plus attendre...

 

Eduardo Mendoza est l'un des auteurs espagnols les plus lus et les plus traduits de ces dernières années. Dans "L'artiste des dames", paru aux éditions du Seuil en 2003, l'auteur fait revenir pour la troisième fois le personnage mystérieux et anonyme qu'il a déjà utilisé dans  "Le mystère de la crypte ensorcelée" et "Le labyrinthe aux olives".

 

Cette fois-ci, le narrateur va se retrouver mis à la porte de l'asile psychiatrique dans lequel il était retenu depuis de longues années. Ayant soudain retrouvé la liberté dans une Barcelone qu'il ne reconnaît plus, il va recontacter sa soeur, et par l'intermédiaire de son beau-frère, trouver un emploi de coiffeur dans un salon sans clientèle.


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Un beau jour, une jeune femme au physique de mannequin va lui proposer une  mission délicate mais tout à fait dans ses cordes : cambrioler un bureau afin de s'emparer d'un mystérieux dossier bleu. Tout se passerait comme prévu si, le lendemain, le patron de l'entreprise "Le filou espagnol" n'était pas retrouvé mort, criblé de balles, dans ce même bureau.

Notre personnage principal va donc se lancer dans une enquête minutieuse afin de retrouver le vrai coupable et se disculper aux yeux de la justice. Commence alors pour lui une aventure rocambolesque au cours de laquelle il va rencontrer un grand noir en tenue de chauffeur, un vieillard infirme en fauteuil roulant, une vraie Ivette, une fausse Ivette, un maire sans scrupules, un avocat véreux... 


Ce livre est un véritable OVNI littéraire. Eduardo Mendoza y décrit avec un humour féroce et beaucoup de surréalisme une société barcelonaise corrompue. Son écriture très particulière : utilisation de la première personne, longues (voire très longues) phrases, descriptions nombreuses, débit d'écriture digne d'une mitraillette, utilisation fournie des parenthèses... en font un ouvrage au style inimitable et surprenant.


Son personnage principal, très décalé et naïf, mène toutefois avec brio une enquête difficile dans les méandres d'une société dont les magouilles financières et politiques semblent monnaie courante.

C'est avec intérêt et plaisir que l'on suit ses aventures incroyables et déjantées. Quand, à la fin du roman, il se retrouve dans une pièce avec tous les protagonistes de l'histoire et qu'il leur raconte les trames de l'intrigue afin de dénoncer le coupable, on croirait voir Hercule Poirot en action. D'un autre côté, sa vision de la vie en fait également un personnage proche de monsieur Hulot ou de mister Bean par son côté en marge de la société.

 

J'ai apprécié ce livre, même si il y avait parfois certaines longueurs, car l'humour employé par Eduardo Mendazo y est tout bonnement savoureux et piquant à souhait. Et puis, même si l'histoire semble partir dans tous les sens, l'auteur fait preuve d'un réel talent de construction dans une intrigue proche du polar. Je regrette, cependant, de ne pas avoir découvert ce personnage hors-norme en commençant par le premier roman. Si j'avais su...


Petite remarque : La personne qui a été responsable de la quatrième de couverture pour les éditions Points n'a sûrement pas ouvert le livre, car elle nous présente le héros comme un ancien braqueur de banque nommé Cañuto, or le héros est anonyme, et ce fameux Cañuto est simplement un personnage qui apparaît quelques pages en début et fin d'histoire !!!  :-(


Note : 4/5

 

Passage choisi : "Il y a un an, j'ai engagé un apprenti dont j'ai vite dû me séparer, car il manquait de la finesse, de l'élégance naturelle et des dispositions pour les relations publiques, essentielles dans ce genre de travail, outre qu'il ne me laissait pas l'enculer. Tu comprends ? Je vois que oui, parce que tu hoches la tête alternativement de haut en bas et de gauche à droite, ce qui me comble de joie. Évidemment, je ne peux pas t'offrir un haut salaire. Je ne peux même pas t'offrir un bas salaire. Au départ, tu devras te contenter de pourboires et de ce que tu pourras piquer dans les sacs des dames."

Publié dans ROMANS

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N
<br /> Bonsoir !<br /> <br /> <br /> Insolite, étourdissant, voici 2 adjectifs qui à mon goût conviennent à cet ouvrage.  Bonne lecture <br />
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N
<br /> <br /> Pour de l'insolite, on a effectivement de l'insolite !!! Mais, moi, j'aime bien quand ça sort des sentiers battus, donc ça me va !!! <br /> <br /> <br /> <br />
M
Un style très sympa bien qu'alambiqué !!!
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N
<br /> <br /> Lecture parfois difficile car la longueur des phrases nous égare, mais lecture sympa et pleine d'humour... Merci Biba !!! ;-)<br /> <br /> <br /> <br />