"Les Heures souterraines" de Delphine de Vigan
Livre acheté lors de mon avant-dernière visite à l'Eclectique afin d'avoir quelques chose à lire durant mon petit séjour londonien.
J'ai connu Delphine de Vigan, non pas par la lecture, mais par le cinéma, en voyant "No et moi". Ce film m'avait beaucoup plus. J'ai ensuite entendu parler d'elle dans divers magazines suite à la sortie de "Rien ne s'oppose à la nuit", livre qui a fait beaucoup de bruit en 2011. Mais jusqu'à présent, je n'avais rien lu d'elle...
Vu le plaisir que j'ai pris à dévorer "Les Heures souterraines", je me suis dit que j'aurais dû découvrir Delphine de Vigan plus tôt !!! Livre englouti avec fébrilité en deux petites soirées.
Dans cet ouvrage, l'auteur nous fait suivre la journée de Mathilde et de Thibault, personnages qui ne se connaissent pas, même si le hasard va les faire se croiser, et qui sont tous deux en détresse.
Mathilde, en pleine dépression depuis des mois, subit le harcèlement de son supérieur hiérarchique. Elle lutte courageusement, tente de tenir le cap, mais ses nerfs sont sur le point de lâcher.
Thibault, médecin urgentiste, accro à une relation amoureuse nocive pour son équilibre, cherche à se libérer de l'emprise de cet amour à sens unique.
Chapitre après chapitre, on plonge avec Mathilde et Thibault dans leurs pensées, dans les gestes de ce quotidien qui leur pèse sur les épaules. On partage avec eux les émotions qui les étreignent. On ressent un besoin urgent de venir à leur secours. On tourne les pages avec frénésie afin de découvrir les mots qui vont les apaiser, les soulager... et, peut-être, les faire se rencontrer pour que, à deux, ils soient plus forts. Mots qui n'arrivent jamais...
On lit, on est ému, on trébuche avec eux, on voudrait pouvoir leur tendre une main salvatrice ou leur prêter une oreille attentive, mais Delphine de Vigan mène ses personnages jusqu'à une fin... sans fin. Tels deux petits esquifs perdus au milieu de la vie (et de la ville), les deux personnages sont malmené et entraînés malgré eux dans la tourmente d'une violence quotidienne omniprésente.
C'est un texte bien écrit. C'est fluide, prenant, émouvant... Mais, je suis restée frustrée car j'aurais voulu prendre les rênes de l'histoire et ne pas avoir à imaginer l'avenir de Mathilde, celui de Thibault. Delphine de Vigan a su faire monter la pression, le désir de connaître la suite... Elle met le lecteur en attente... et finalement, nous laisse face à un sentiment d'inachevé, un goût d'inassouvi. En même temps, je ne peux m'empêcher de penser que c'est justement ce final qui donne cette force et cette qualité à ce roman !!!
Note : 4,5/5
Passage choisi : "Il avait oublié à quel point il était vulnérable. Est-ce que c'était ça, être amoureux, ce sentiment de fragilité ? Cette peur de tout perdre, à chaque instant, pour un faux pas, une mauvaise réplique, un mot malencontreux? Est-ce que c'était ça, cette incertitude de soi, à quarante ans comme à vingt ? Et dans ce cas, qu'existait-il de plus pitoyable, de plus vain?"