- La Sirène, le Marchand et la Courtisane - de Imogen Hermes Gowar

Publié le par Nathalie

- La Sirène, le Marchand et la Courtisane - de Imogen Hermes Gowar

"La Sirène, le Marchand et la Courtisane" est né sous la plume (ou le clavier) de la britannique Imogen Hermes Gowar. Ayant étudié l'archéologie, l'anthropologie et l'histoire de l'art à l'université, avant de travailler dans des musées, l'auteure a tiré de son mémoire de fin d'études cet ouvrage au titre intrigant, digne d'une fable de La Fontaine. Ce 1er roman a connu un beau succès en Angleterre au moment de sa sortie. Il est paru en France, chez Belfond, début mars 2021.

4ème de couv' : "Un soir de septembre 1785, on frappe à la porte du logis du marchand Hancock. Sur le seuil, le capitaine d'un de ses navires. L'homme dit avoir vendu son bateau pour un trésor : une créature fabuleuse, pêchée en mer de Chine. Une sirène.
Entre effroi et fascination, le Tout-Londres se presse pour voir la chimère. Et ce trésor va permettre à Mr Hancock d'entrer dans un monde de faste et de mondanités qui lui était jusqu'ici inaccessible.
Lors d'une de ces fêtes somptueuses, il fait la connaissance d'Angelica Neal, la femme la plus désirable qu'il ait jamais vue... et courtisane de grand talent. Entre le timide marchand et la belle scandaleuse se noue une relation complexe, qui va les précipiter l'un et l'autre dans une spirale dangereuse.
Car les pouvoirs de la sirène ne sont pas que légende. Aveuglés par l'orgueil et la convoitise, tous ceux qui s'en approchent pourraient bien basculer dans la folie...
"

Prenez la bonne société londonienne de la fin du XVIIIème, ajoutez un parfum de scandale en y faisant figurer une courtisane, Angelica Neal, une mère maquerelle, Mrs Chapell, appelée "abbesse" par pur euphémisme, un marchand esseulé, Mr Hancock, qui se retrouve avec une sirène sur les bras à la place d'un de ses précieux bateaux, quelques personnages secondaires bien sentis (Mrs Frost, Sukie, Mrs Lippard...) et vous obtiendrez un livre atypique et joliment construit.

La société anglaise de l'époque georgienne y est bien décrite, les luttes de classe, le positionnement des femmes dans la société, les vies qui s'offrent à elles selon leur condition. Les personnages ont de la consistance, du caractère. Et puis, il y a une pincée de fantastique, d'imaginaire, avec cette fameuse sirène que tout le monde veut voir, veut posséder. Sirène qui symbolise l'avidité et l'orgueil d'une société très codifiée par les castes sociales où chacun(e) doit rester à sa place, au risque de tout perdre (de se perdre ?) et, surtout, de choquer.

J'ai trouvé cette lecture plaisante et enrichissante car le cadre historique et sociétal y est bien rendu, le vocabulaire particulièrement soigné (J'ai découvert une nouveau mot : gamahucher, qu'il va m'être difficile de replacer dans une conversation cependant !) et l'atmosphère suffisamment mystérieuse pour interpeller la lectrice que je suis.

Un premier roman foisonnant qui fait osciller entre réalité cruelle et imaginaire surnaturel...

Note : 4/5

Passage choisi : "Car la classe sociale est une sorte de bulle, une membrane qui nous entoure, et bien qu’on puisse grandir à l’intérieur de cette membrane, et même la faire grandir à notre dimension, il est impossible de s’en libérer. Un homme né noble le reste toujours au fond de l’âme, même quand il chute ; et un homme né modeste le reste toujours au fond de son âme, même s’il s’élève."

Publié dans ROMANS

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