"Celle qui fuit et celle qui reste" d'Elena Ferrante

Publié le par Nathalie

"Celle qui fuit et celle qui reste" d'Elena Ferrante

"Celle qui fuit et celle qui reste" est le troisième tome de la saga "L'amie prodigieuse" d'Elena Ferrante (voir ). Après le 1er opus qui racontait l'enfance d'Elena et Lila jusqu'à leur adolescence ; le 2ème, "Le nouveau nom", qui narrait leur jeunesse, mouvementée pour Lila et studieuse pour Elena ; voici 480 pages pour nous dévoiler leur vie d'adulte, de mère et de femme.

4ème de couv' : " Après L'amie prodigieuse et Le nouveau nom, Celle qui fuit et celle qui reste est la suite de la formidable saga dans laquelle Elena Ferrante raconte cinquante ans d'histoire italienne et d'amitié entre ses deux héroïnes, Elena et Lila. Pour Elena, comme pour l'Italie, une période de grands bouleversements s'ouvre. Nous sommes à la fin des années soixante, les événements de 1968 s'annoncent, les mouvements féministes et protestataires s'organisent, et Elena, diplômée de l'Ecole normale de Pise et entourée d'universitaires, est au premier rang. Même si les choix de Lila sont radicalement différents, les deux jeunes femmes sont toujours aussi proches, une relation faite d'amour et de haine, telles deux soeurs qui se ressembleraient trop. Et, une nouvelle fois, les circonstances vont les rapprocher, puis les éloigner, au cours de cette tumultueuse traversée des années soixante-dix. Celle qui fuit et celle qui reste n'a rien à envier à ses deux prédécesseurs. A la dimension historique et intime s'ajoute même un volet politique, puisque les dix années que couvre le roman sont cruciales pour l'Italie, un pays en transformation, en marche vers la modernité."

"Celle qui fuit et celle qui reste" sous titré "Epoque intermédiaire" continue de nous dévoiler la vie de nos deux héroïnes fétiches, aussi opposées physiquement que par leur manière de voir les choses, aussi proches, cependant, que deux soeurs rivales peuvent l'être, oscillant sans cesse entre haine et amour.

Comme d'habitude, Elena Ferrante nous livre un roman maîtrisé à la virgule près et admirablement construit autour d'une multitude de personnages forts. Dans cette époque des années 60-70, Lina et Elena sont installées dans leur vie de mère, de femme, mais également dans la vie politique de leur pays qui est en pleine effervescence. Comme d'habitude, également, tout semble opposer nos deux héroïnes dans leurs choix, leur position sociale, leur relation à la maternité ou encore leur relation à l'amour. Et pourtant, on sent toujours un lien très fort entre elles, malgré la distance physique qui les éloigne, l'une vivant à Pise puis à Florence, l'autre habitant San Giovanni puis retournant dans son quartier de Naples.

Il existe une véritable addiction à en savoir plus sur ces deux amies, un peu comme si elles étaient réelles, qu'on les avait perdues de vue et qu'on les recroisait par un heureux hasard au détour d'une ruelle napolitaine. Une fois plongé(e) dans le livre, il est difficile de faire une pause tellement le récit est prenant. Et en plus, les thématiques politiques abordées, comme la montée du féminisme ou le sort de la classe ouvrière, apportent un intérêt réel à cette très belle histoire d'amitié.

Maintenant, j'ai hâte que sorte le 4ème et dernier tome, "L'enfant perdue", qui achèvera cette passionnante sage italienne pour savoir comment va encore évoluer cette étrange et envoutante amitié.

Note : 4,5/5

Passage choisi : " Il dit doucement : c’est celle qui m’a le plus troublé. Je m’en suis rendu compte ! éclatai-je. Tu as parlé avec elle pendant toute la soirée. Mais il secoua la tête avec détermination et affirma, à ma plus grande surprise, que Lila lui avait semblé la pire du lot. Il précisa qu’elle n’était pas du tout mon amie et me détestait. Certes, elle avait une intelligence stupéfiante et, certes, elle était vraiment fascinante : mais il s’agissait d’une intelligence mal utilisée – l’intelligence maléfique qui sème la discorde et qui hait la vie – et la fascination qu’elle exerçait était plus insupportable encore, elle ne pouvait qu’asservir et conduire à la ruine. Telles furent ses paroles. Au début, je l’écoutai en feignant le désaccord, mais en réalité j’étais contente. Je m’étais donc trompée, Lila n’avait pas réussi à faire mouche, Pietro était un homme exercé à repérer le sous-texte de tout texte, et il n’avait eu aucun mal à reconnaître ses côtés mauvais. Mais bientôt, je me dis qu’il en faisait trop. Il lança : je ne comprends pas comment votre relation a pu durer aussi longtemps, à l’évidence vous vous dissimulez soigneusement ce qui pourrait la rompre. Il ajouta : ou je n’ai rien compris d’elle – et c’est sans doute le cas, je ne la connais pas –, ou bien je n’ai rien compris de toi, et ça c’est plus inquiétant. "

 

Publié dans Elena Ferrante

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